L’exercice de comparaison des systèmes de retraite n’est pas chose aisée. Les paramètres sont si nombreux, de la démographie au budget national en passant par le marché du travail, que c’est quasiment mission impossible. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) s’est quand même lancé dans l’exercice avec un document de travail intitulé « Panorama des systèmes de retraite ». Le COR distingue trois groupes parmi les onze pays étudiés. Premièrement, ceux où les transferts publics constituent la majorité des revenus des plus de 65 ans, comme la Belgique (81 %), la France et l’Italie (73 %), l’Espagne, l’Allemagne, la Suède. Deuxièmement, les pays où les revenus du capital pèsent à peu près autant que les transferts publics (Pays-Bas, Royaume-Uni, Canada), car les retraites par capitalisation y ont été encouragées. Troisièmement, ceux où les revenus du travail demeurent encore importants : Etats-Unis (32 %), Japon (44 %) – des pays où les seniors continuent de travailler très tard. Confrontés au défi du vieillissement, tous ces pays ont mené ces dernières années des réformes des retraites qui ont permis d’améliorer leurs perspectives financières.
Le COR constate qu’on peut obtenir des résultats comparables avec des systèmes aux antipodes : le niveau de vie des plus de 65 ans oscille entre 93 et 94 % de celui des actifs en Italie comme aux Etats-Unis, alors que les Italiens privilégient la répartition et les Américains la capitalisation.
Le Conseil relève quelques préoccupations communes aux Etats étudiés. Par exemple, le souci de moduler en temps réel les pensions pour rendre le système résistant aux crises démographiques et économiques. Ainsi, en Allemagne, en cas de déséquilibre financier, un ajustement est obligatoire, mais plusieurs contraintes ont été imposées : un plancher de réserves financières de 0,2 à 1,5 mois de pensions, un taux de cotisation maximum à 20 % puis 22 %, un taux de remplacement minimum de 46 % puis 43 %. En Suède, la revalorisation des pensions est automatiquement corrigée dès que les recettes et les réserves financières s’écartent de la trajectoire, même si le régime est équilibré à court terme. Le montant de la pension est parfois lié au rapport retraités sur actifs (Allemagne, Japon), ou bien à l’espérance de vie (dans les systèmes notionnels en Suède et en Italie). En France, la durée de cotisation est fixée elle aussi en fonction de l’espérance de vie, mais il n’y a pas d’ajustement automatique.
Les pays étudiés ont aussi instillé des mécanismes de solidarité : possibilité de rachat d’années d’étude en France ou au Japon, attribution de droits gratuits à la retraite durant les années d’étude en Suède, droits non cessibles pour les mères ou les pères qui éduquent leurs enfants en Italie… Seules la France, et dans une moindre mesure l’Italie, prennent en compte explicitement la pénibilité du travail. Quant aux pensions de réversion entre conjoints, elles ont tendance à s’effacer, même si elles jouent encore un rôle important dans la réduction des inégalités hommes-femmes. En Allemagne ou au Royaume-Uni, on pratique le « splitting » : on additionne les droits de retraite des époux, puis on les divise par deux.
Solveig Godeluck, Les Echos
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