C’est une évolution majeure de sa structure que prépare la Caisse Centrale de Réassurance (CCR). Le groupe public étudie la séparation juridique de ses deux grands métiers : la réassurance des catastrophes naturelles en France avec la garantie de l’Etat, d’une part, et ses activités traditionnelles de réassurance (dites « de marché »), d’autre part. Plus précisément, CCR planche sur un projet de filialisation de son activité de réassurance de marché, comme l’annonce aux « Echos » Pierre Blayau, le président du conseil d’administration.
« C’est une mesure de transparence, de bon sens et d’efficacité », justifie-t-il. Il s’agit en particulier pour CCR de clarifier la situation vis-à-vis de ses concurrents et de ses clients assureurs, et d’éviter que sa manière d’opérer en réassurance de marché puisse prêter le flanc à la critique. « Une entreprise qui dispose de la garantie de l’Etat pour la réassurance des “catnat” doit démontrer qu’elle est organisée de telle façon que la situation est saine. Il est donc logique d’avoir une gestion de ces activités par deux entités séparées », explique Pierre Blayau.
L’étude actuellement menée doit être finalisée dans les semaines à venir en vue de la soumettre au conseil d’administration, puis aux représentants des salariés. L’objectif affiché est que cette nouvelle organisation soit mise en place « pour les renouvellements [de programmes de réassurance] de fin d’année ». Le chantier est complexe sur le plan technique, puisqu’il nécessite en particulier « de séparer les fonds propres et les capitaux investis pour chacune des deux activités ».
« Maintenir l’intégrité de CCR sur ses deux métiers »
Ce projet de filialisation n’est en aucun cas le premier pas vers une cession éventuelle de l’activité de réassurance de marché, précise Pierre Blayau. « Bien au contraire, il faut le considérer comme une mesure de développement de l’entreprise. Le grand mot d’ordre est de maintenir l’intégrité de CCR sur ses deux métiers », insiste-t-il. Le groupe réalise environ un tiers de son chiffre d’affaires sur le marché classique de la réassurance.
Interrogé sur l’état du contentieux engagé par SCOR devant Bruxelles pour contester le monopole de la garantie de l’Etat dont bénéficie CCR pour la réassurance des « catnat » en France, Pierre Blayau ne fait aucun commentaire, rappelant qu’il est géré au niveau de l’Etat français.
Pour 2015, CCR devrait présenter des résultats « meilleurs qu’en 2013 et 2014 », indique par ailleurs Bertrand Labilloy, son directeur général. « La sinistralité a été plutôt clémente l’an dernier et n’a pas entamée nos réserves », souligne-t-il. En réassurance de marché, dans un contexte de baisse des prix et de durcissement des conditions, CCR affirme avoir maintenu une politique de souscription très sélective. « Nous avons réussi à améliorer la qualité de notre portefeuille », se félicite Bertrand Labilloy.
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