Thibaut Madelin
Allianz met le paquet dans le numérique. Le leader européen de l’assurance a déclaré jeudi avoir investi un milliard d’euros à cet effet au cours des trois dernières années. Avec trois axes prioritaires : informatique, produits et distribution. « Depuis le début, on a jugé important de ne pas rater le train », a affirmé jeudi Michael Diekmann, le patron du géant allemand, à l’occasion de la présentation des résultats annuels. La veille, son rival français Axa évoquait une enveloppe de 950 millions d’euros accordée au numérique entre 2013 et 2015.
Sur son marché national, Allianz veut être en mesure de commercialiser en ligne la quasi-totalité de ses produits d’ici à fin 2016. Sa filiale allemande doit dévoiler la semaine prochaine une nouvelle offre Internet. Comme Axa, le groupe est confronté à la concurrence croissante de sociétés étrangères au secteur, qui viennent secouer le marché. En Allemagne, le comparateur de prix check24.de a ainsi vendu 700.000 polices d’assurance auto en 2013. L’année dernière, sa croissance a dépassé 10 %, indique un porte-parole, qui refuse de donner des chiffres précis. De son côté, la filiale Internet d’Allianz, Allsecur, a vendu 175.000 polices automobiles en 2013.
Concurrence de Google
La pression pourrait s’accroître avec l’arrivée attendue de Google sur le marché européen. Le géant de l’Internet américain teste aux Etats-Unis un nouveau service de comparaison d’assurances automobiles dans 26 Etats américains. Il avait lancé un service similaire en France en 2013, qu’il avait fermé au bout de trois mois.
Pour les compagnies d’assurances traditionnelles, la vague du numérique est certes incontournable – les clients l’attendent et elle permet de baisser les coûts -, mais elle est aussi sensible. « Elles voudraient bien aller plus vite mais sont confrontées à la résistance de leurs représentants, qui voient cette concurrence d’un mauvais oeil, observe un acteur du numérique. Ceci donne lieu à des luttes de pouvoir internes que nous ne connaissons pas. »
Michael Diekmann, dont le contrat arrive à échéance le 6 mai, laisse à son successeur, Oliver Bäte, un groupe solide, mais aussi quelques chantiers. Ceux-ci incluent en premier lieu le redressement de Pimco, la filiale américaine de gestion d’actifs, qui continue de subir de gros retraits de fonds mutuels. L’année dernière, le groupe a enregistré un bénéfice de 6,22 milliards d’euros, en hausse de 3,8 %, pour un chiffre d’affaires de 122,3 milliards d’euros, en hausse de 10,4 %. Jugeant avoir plus de visibilité en matière de régulation et une liquidité saine, Allianz veut augmenter son dividende de 5,30 à 6,85 euros par action. Les marchés espéraient plus. Le titre a cédé 0,57 % jeudi.