La facture des affaires s’annonce salée pour les banques européennes. Selon une étude menée par Credit Suisse sur un panel de 10 banques européennes, les affaires auraient déjà coûté près de 19 milliards de dollars aux établissements européens. Les pertes pourraient encore se chiffrer à 39 milliards de dollars dans les trois années à venir. Au total, les litiges qui ont émaillé l’actualité bancaire en 2012 pourraient donc coûter 58 milliards de dollars aux banques européennes, soit un tiers du coût pour elles de la crise des subprimes…
Outre le scandale du Libor, dont la facture totale s’élève à 2,5 milliards de dollars, ce sont les ventes frauduleuses de produits financiers essentiellement au Royaume-Uni (assurance-emprunteur, produits dérivés aux PME, etc.) qui pèsent le plus lourd : 11,8 milliards en 2012, et plus de 14 milliards supplémentaires d’ici à 2015. Viennent ensuite les litiges opposant les banques européennes aux régulateurs américains, en raison notamment de transactions réalisées avec des pays placés sous embargo par les Etats-Unis comme l’Iran. Ceux-ci devraient coûter au total près de 4,5 milliards de dollars à horizon 2015.
Les affaires vont, par ailleurs, avoir un impact sur le niveau de fonds propres des banques, à hauteur de 70 milliards de dollars, estime Credit Suisse. Soumises à de nombreuses pressions, notamment réglementaires, les banques d’investissement européennes pourraient ne pas disposer d’un bilan assez solide pour absorber les pertes. La facture devrait être particulièrement lourde pour Deutsche Bank, Barclays et HSBC, mais, selon l’étude, celles-ci seraient en mesure de l’absorber en raison d’une solvabilité jugée suffisante. A l’inverse, les litiges vont durement impacter les fonds propres d’UBS, de RBS et de Lloyds Banking Group.
Au-delà des pertes directes engendrées par les litiges, ces affaires auront des répercussions sur le niveau d’activité et sur les bénéfices des banques européennes dans les années à venir. Les banques françaises resteraient, dans l’ensemble, relativement préservées tandis que leurs consoeurs britanniques seraient davantage touchées. Selon le scénario de Credit Suisse, les bénéfices 2013 des banques européennes pourraient ainsi être amputés de 5 % pour HSBC à 55 % pour RBS. Dans le cas de Lloyds, son résultat serait même carrément annulé. En 2015 encore, les bénéfices pourraient être rognés de 4 % pour les banques françaises BNP Paribas et Crédit Agricole SA à 13 % pour Deutsche Bank et UBS.