C’est un Groupama de nouveau « en forme », selon son directeur général, Thierry Martel, qui présentait ses résultats hier. Après une année 2011 cauchemardesque conclue sur une perte de 1,8 milliard d’euros et une marge de solvabilité étriquée, l’assureur estime avoir fait preuve d’une « capacité de résilience assez exceptionnelle ».
L’an dernier, il a pourtant été à nouveau dans le rouge. Mais ce résultat net déficitaire de 589 millions d’euros découle des mesures prises pour se remettre d’aplomb, et en premier lieu des nombreuses cessions d’actifs, qui ont pesé à hauteur de 334 millions. Les comptes ayant été passés à la paille de fer, Groupama a imputé pour 298 millions d’euros de dépréciations d’actifs sur ses filiales d’Europe centrale et orientale.
Cette perte a cependant été « sans impact sur la solvabilité ni sur la liquidité »,insiste-t-il. De fait, le ratio de solvabilité s’est nettement redressé, passant de 107 % à 179 %, bien au-dessus de l’objectif de 120 %. Une amélioration qui s’explique par les ventes réalisées, la réduction des risques au bilan (l’assureur a vendu pour 2,5 milliards d’euros d’actions) et les plus-values latentes sur son portefeuille d’actifs. Les fonds propres se sont renforcés de 19 %, à 6,3 milliards d’euros.
« Plus robuste financièrement », l’assureur va se concentrer sur sa rentabilité opérationnelle. Alors qu’un nouveau plan stratégique est annoncé pour le mois de juin, Thierry Martel indique qu’on « ne fera pas tout. Mais ce qu’on fera, on le fera bien ». Tournant le dos à une « stratégie de taille », Groupama (14,2 milliards de chiffre d’affaires en 2012) est déjà plus sélectif en assurance-dommages, en résiliant les affaires trop déficitaires ; lève le pied sur la collecte d’assurance-vie en euros, trop coûteuse en fonds propres ; et met l’accent sur la prévoyance et la santé, jugées plus rentables.
« Inconstitutionnelle »
Dans ces conditions, la généralisation prochaine de la complémentaire santé d’entreprise inquiète au plus haut point le premier assureur-santé individuel. Surtout si les clauses de désignation, c’est-à-dire la possibilité pour une branche d’imposer l’assureur de son choix à l’ensemble des entreprises de cette filière, sont inscrites dans la loi. « En pratique, elles donnent un avantage injustifié aux institutions de prévoyance, affirme Thierry Martel. On conteste aujourd’hui le maintien de la désignation telle qu’elle existe aujourd’hui, qui nous semble inconstitutionnelle. »