C’est une année riche en rendez-vous qui attend CNP Assurances. Le plus attendu concerne, bien entendu, la succession de Gilles Benoist, qui à soixante-cinq ans est atteint par la limite d’âge. Son mandat de directeur général arrive à échéance le 7 juin lors de la prochaine assemblée générale. Mais son remplaçant pourrait ne pas être désigné avant l’été. Le gel des nominations à la tête des établissements publics avant l’élection présidentielle annoncé par l’Elysée pourrait en effet bousculer le calendrier prévu, comme l’avait révélé « Le Monde ».
Le processus est suspendu à l’intérim qui va s’ouvrir le 7 mars et pour trois mois à la tête de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), le premier actionnaire de CNP Assurances avec 40 % du capital. Le successeur d’Augustin de Romanet, le directeur général de la CDC, devant être auditionné par les parlementaires, cette désignation n’interviendra pas avant la mise en place de la nouvelle Assemblée nationale, après la mi-juin. Une très courte période de transition n’est donc pas exclue à la tête de la compagnie d’assurances entre le départ de Gilles Benoist et la nomination de son successeur.
L’intérim pourrait être assuré par Antoine Lissowski, l’actuel directeur financier, qui a déjà la délégation de signature. Un Antoine Lissowski qui brigue lui-même le poste de directeur général. D’autres noms circulent par ailleurs pour succéder à Gilles Benoist. C’est Edmond Alphandéry, le président du conseil d’administration de CNP Assurances, qui gère la procédure.
Discussions séparées
En attendant, c’est l’équipe en place qui devrait lancer l’autre grand dossier de 2012. Comme prévu en 2006, la CNP va faire le point cette année sur ses accords commerciaux avec La Banque Postale et les Caisses d’Epargne qui courent jusqu’au 31 décembre 2015. Le premier assureur de personnes français mènera des discussions séparées avec chacun de ses 2 réseaux. S’ils trouvent un terrain d’entente, les accords revisités s’appliqueront en 2013, 2014 et 2015. Sinon, les partenaires s’en tiendront au cadre actuel.
Une autre échéance, autrement plus capitale, se rapproche à grands pas. C’est en 2014 au plus tard, mais plus sûrement dès 2013, que vont commencer les négociations sur le pacte d’actionnaires liant jusqu’à fin 2015 la CNP, la CDC, l’Etat, La Banque Postale et le groupe BPCE. Les spéculations vont déjà bon train sur l’opportunité pour CNP Assurances de s’ouvrir à un 3 e réseau de distribution au-delà de ses 2 partenaires historiques, ce qui conforterait davantage encore son statut de paquebot de l’assurance-vie à la française.
Les futures contraintes de fonds propres qui s’appliqueront aux banques européennes pourraient faire bouger les lignes. Sous le régime prudentiel de Bâle III, les banques devront en effet déduire de leurs fonds propres leurs participations – dans des compagnies d’assurances notamment -au-delà de 10 % du capital détenu. Dans ces conditions, BPCE ou La Banque Postale pourraient s’interroger sur leur niveau de participation dans CNP Assurances, dont ils contrôlent à eux deux 35,48 % du capital via leur holding Sopassure. Une réduction de leur participation pourrait alors ouvrir la porte à un nouvel actionnaire. Une perspective a priori séduisante pour la CNP.
LAURENT THÉVENIN, Les Echos
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