Pour sa dernière présentation des résultats annuels avant son départ en juin, Gilles Benoist n’a pas manqué hier de revenir une nouvelle fois sur la capacité de CNP Assurances à absorber les chocs. « CNP est tout à fait solide, même dans une situation qui n’est pas redevenue normale », estime son directeur général. Là où l’assurance-vie française a connu une année noire en 2011, le numéro un du secteur a fait plus que résister. En baisse de 9,1 %, sa collecte brute a mieux tenu que la moyenne (- 14 %), grâce à la bonne performance de La Banque Postale (- 4,1 %). En conséquence, sa part de marché est passée de 16,8 % en 2010 à 17,4 % en 2011. Il a surtout réalisé à lui seul 35 % de la collecte nette totale. « La crise n’est pas terminée sur le marché de l’assurance-vie », prévient cependant Gilles Benoist.
Diversification des activités
CNP Assurances a aussi profité de la poursuite de sa diversification pour atténuer la baisse de ses activités d’épargne (- 13,4 % au total, du fait d’une collecte bien moindre en Italie). En retraite et en prévoyance, il affiche une croissance à deux chiffres. Les activités brésiliennes (+ 13 %) ont une nouvelle fois apporté leur pierre à l’édifice. L’internationalisation des activités permet « de bien mieux résister aux crises », estime Gilles Benoist, qui en a été le grand artisan depuis son arrivée à la tête de la CNP en 1998. Les filiales étrangères dégagent désormais 20 % du chiffre d’affaires et 34 % du produit net d’assurance. Au total, le chiffre d’affaires du groupe a néanmoins reculé de 7,1 %, à 30 milliards d’euros.
Malgré une bonne maîtrise des coûts liée au plan Efficio, le résultat net a baissé de 17 %, à 872 millions d’euros, du fait des provisions passées sur les obligations souveraines grecques (dépréciées à hauteur de 70 %) et les actions. Le montant total des dépréciations s’est élevé à 332 millions en 2011. « La plus grande partie a été absorbée par les assurés », reconnaît Gilles Benoist, la CNP ayant nettement réduit les taux de participation aux bénéfices. Le groupe a en revanche maintenu au même niveau qu’en 2010 sa provision pour participation aux excédents -une réserve dont peuvent se servir les assureurs les années de vaches maigres.
Un dividende par action stable
Plus largement, CNP Assurances est en train de désensibiliser son bilan, comme l’explique Gilles Benoist. A fin décembre, elle avait ainsi déjà réduit de 33 % son exposition aux dettes souveraines des pays périphériques. elle a également commencé – « à contre-coeur » -à alléger sa poche actions, l’objectif étant de la ramener de 9 % à 7 %.
Le dividende qui sera versé aux actionnaires sera stable, à 77 centimes par action. Les grands actionnaires de la CNP ont accepté de le toucher sous forme d’actions. « C’est la manière la moins coûteuse de faire une augmentation de capital », souligne Gilles Benoist. Une façon aussi de répondre aux interrogations formulées par Standard & Poor’s sur le niveau des fonds propres de la CNP. La marge de solvabilité ressort à 115 % sur fonds propres durs et 135 % en comptant les plus-values latentes.