Lundi, les engagements des banques, mardi les assureurs. Bercy a donné hier le coup d’envoi au nouveau programme public-privé FSI France Investissement de soutien en capital aux PME non cotées, auquel les pouvoirs publics avaient indiqué en juin qu’ils dédieraient 5 milliards d’euros sur huit ans. Avec une attention particulière portée à l’impact économique des mesures. « France Investissement n’est pas une collection de fonds ou seulement une offre de financement, insiste Philippe Braidy, le président de CDC Entreprises, qui pilote le programme. Au lieu d’un bilan économique a posteriori, nous allons procéder à un suivi régulier de l’impact de nos investissements sur le chiffre d’affaires des entreprises et l’emploi. Ils seront ciblés vers les véritables besoins de l’économie et des PME auxquels les fonds privés seuls ne suffisent pas à répondre. »

Les pouvoirs publics comptent sur le même effet de levier qu’en 2006 auprès des partenaires privés : 1 euro investi pour 3 levés (2 milliards avaient été alloués par la Caisse des Dépôts et 6 mobilisés auprès des partenaires privés).

Un premier engagement des assureurs, obtenu après d’intenses discussions, doit être annoncé ce matin. Cinq groupes s’engagent à apporter 180 millions d’euros au dispositif sur quatre ans : CNP, AXA, Cardif (BNP Paribas), Crédit Agricole Assurances et Allianz. Un panel largement rénové et dont l’effort est un peu plus faible que celui du précédent programme. En 2006, les assureurs avaient investi 200 millions par an.

Concessions

Ce montant en apparence modeste est cependant important pour les assureurs, échaudés par les nouveaux coûts en fonds propres, les rendements négatifs à court terme dans l’innovation ou l’amorçage.« C’est la preuve que les assureurs continuent à être présents, alors que, dans la période actuelle et compte tenu de leurs nouvelles exigences en fonds propres, on pouvait craindre leur retrait, défend Philippe Braidy. 180 millions, ça n’a rien d’anecdotique. C’est en ligne, voire plus, avec leurs engagements de ces trois dernières années. » En contrepartie, les assureurs ont néanmoins obtenu quelques concessions : le véhicule d’investissement sera structuré comme un club d’investisseurs (et non comme un fonds) pour gagner en visibilité directe et ne pas bloquer leur allocation, réduire l’empilement des coûts de gestion et siéger au conseil exécutif.

L’effort de ces cinq groupes est d’autant plus significatif que le renouvellement de l’exigence de 2007 des pouvoirs publics demandant aux assureurs de dédier 2 % de leurs investissements au non-coté, contre incitations fiscales dans l’assurance-vie, semble, lui, remisé. A fin 2011, les engagements ont à nouveau baissé. De 0,94 % en 2004, le chiffre est monté à 2,01 % en 2008, puis à 1,46 % en juin 2010.

Face aux critiques, la FFSA avait rappelé la faible rentabilité des investissements réalisés dans le non-coté et les 2,5 milliards d’euros de dépréciations que les assureurs ont passées. Mais plus que la baisse, les assureurs avaient été mis en cause pour avoir investi à 70 % dans le capital-investissement, plutôt que dans les PME.

A. DR.