I tassi medi versati ai risparmiatori sui fondi in valuta dovrebbero aggirarsi intorno l’1,60%, contro l’1,83% del 2017 secondo Good Value for Money. Le compagnie hanno continuato a rafforzare le riserve.
Laurent Thévenin
Le taux moyen versé aux épargnants sur les fonds euros devrait atterrir vers 1,60 %, contre 1,83 % en 2017. Les assureurs ont continué de renforcer leurs réserves.
C’est la période des bonnes ou des mauvaises surprises pour les titulaires de contrats d’assurance-vie. Les communications sur les taux de rendement des fonds euros servis au titre de 2018 commencent à tomber depuis une semaine. Classiquement, les premiers taux annoncés devraient se situer dans le haut du panier ou au-dessus de la moyenne du marché. Celle-ci est attendue à 1,60 % par le site Good Value for Money, après être déjà descendue à 1,83 % en 2017, selon les données de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution. Un niveau proche de l’inflation : sur un an, à fin décembre selon l’Insee, elle atteindrait 1,6 %.
Traditionnellement dans le peloton de tête, la MACSF reste au-dessus de la barre des 2 % (2,20 %, en baisse de 0,20 point de base). « En distribuant un bon taux sur les fonds euros, cela permet à nos sociétaires de pouvoir bien diversifier leur épargne vers les unités de compte sans prendre trop de risques sur le capital », glisse Stéphane Dessirier, son directeur général. L’heure est aussi au maintien des taux chez GMF Vie (2,10 %) ou pour les contrats phares de MAAF Vie (1,85 %), après une forte baisse en 2017. Sogécap (la compagnie d’assurance-vie de la Société Générale), affiche un taux de rendement moyen servi à ses clients sur son support en euros stable, à 1,78 %. « Nous avons voulu envoyer un message de confiance et de stabilité. C’était psychologiquement important. Si les taux de rendement avaient continué de baisser, cela aurait pu être mal ressenti par certains épargnants, surtout vu le niveau de l’inflation », estime Philippe Perret, le directeur général de Société Générale Insurance et de Sogécap.
Comme chaque année, il faudra attendre plusieurs mois pour connaître la moyenne du marché, d’autant que les mauvaises performances des vieux contrats fermés à la commercialisation ne font généralement l’objet d’aucune publicité. « Je m’attends à ce qu’il y ait davantage d’écart entre les différents acteurs que les années précédentes », pronostique Bernard Le Bras, président du directoire de Suravenir (Crédit Mutuel Arkéa), qui n’a pas encore dévoilé ses taux 2018.
Marges de manoeuvre
Les assureurs ont en tout cas continué à se ménager des marges de manoeuvre. Les compagnies du groupe Covéa (MAAF Vie, GMF Vie, MMA Vie), la MACSF, Parnasse-Maif (qui sert un taux de 1,80 %, en baisse de 0,25 point de base) ou Sogécap ont ainsi encore doté leur provision pour participation aux bénéfices (PPB), une poche qui peut servir à donner un coup de pouce aux rendements si besoin. « Tant que les taux d’intérêt sont bas, il faut continuer à renforcer ses réserves. Celles-ci seront très utiles pour soutenir les rendements quand il faudra accompagner la remontée des taux d’intérêt », justifie Philippe Perret. Malgré des niveaux de PPB déjà élevés, Eric Lécuyer, directeur assurance-vie de Covéa, estime cette prudence toujours aussi nécessaire : « Nous n’avons aucune certitude que les taux d’intérêt vont remonter et il va y avoir encore un effet dilutif sur le rendement du portefeuille d’obligations pendant plusieurs années. »
Les rendements des fonds en euros mis à jour en continu sont consultables sur lesechos.fr/patrimoine
Les professionnels dans l’expectative face aux choix des épargnants
L. T.
Les turbulences récentes de la Bourse compliquent la collecte vers les unités de compte. Les assureurs devront faire preuve de pédagogie pour convaincre les épargnants de prendre plus de risques.
La donne se complique pour les assureurs-vie. Alors qu’ils s’évertuent depuis plusieurs années à orienter davantage la collecte vers les supports en unités de compte (UC), la Bourse ne les y aide actuellement pas. Les UC – qui n’offrent pas la garantie du capital, contrairement aux fonds dits « euros » – sont en effet, pour beaucoup d’entre elles, très investies en actions. Or, comme le regrettent souvent les assureurs, les Français sont toujours plus enclins à prendre des risques quand les marchés se portent bien qu’en cas de vents contraires.
« De bons niveaux d’entrée »
« Nous avons constaté une appétence un peu moins forte des épargnants pour les UC au dernier trimestre lors des turbulences des marchés actions », indique ainsi Philippe Perret, directeur général de Société Générale Insurance et Sogécap. Une situation également vécue par d’autres opérateurs à partir d’octobre ou en décembre. Après avoir culminé à 30 % sur la première moitié de 2018, la part d’UC dans la collecte brute totale n’était plus que de 28 % sur onze mois, d’après les chiffres de la Fédération française de l’assurance. Soit moins que sur l’année 2017 (29 %).
Pour les assureurs, il est important d’arriver à vendre davantage d’UC car elles leur demandent d’immobiliser beaucoup moins de capitaux propres réglementaires que les fonds euros. Jusqu’à il y a peu ils y étaient parvenus, le taux de ces produits dans la production n’était encore que de 21 % en 2016.
L’année 2019 ne s’ouvre pas forcément sous les meilleurs auspices. « Après une phase de volatilité sur les marchés actions, il y a toujours une défiance chez une grande partie des épargnants et la collecte sur les UC pourrait être ralentie. Il risque d’y avoir des rachats sur les UC, alors que ce serait un bon moment pour réinvestir vu le niveau du CAC 40 », redoute Eric Lécuyer, directeur assurance-vie de Covéa (GMF, MAAF, MMA). « Mais nous essayons d’expliquer aux clients que les niveaux actuels des marchés actions constituent de bons niveaux d’entrée pour aller chercher du rendement », abonde Philippe Perret.
Diversifier les investissements
Un autre élément pourrait peser. La performance des unités de compte devrait, au global, être négative en 2018. Ce qui serait du jamais-vu depuis 2011 et risquerait de refroidir les ardeurs de certains épargnants.
« Eu égard à l’environnement de marché, nous allons devoir faire beaucoup de pédagogie vis-à-vis des clients. Il faudra notamment leur conseiller de diversifier leurs investissements UC à travers plusieurs fonds, avec des parties liquides et d’autres moins liquides, comme le ‘private equity’ ou l’immobilier. Ils ne pourront plus se limiter à une allocation équi-pondérée sur quatre ou cinq fonds patrimoniaux », souligne Hugues Aubry, membre du comité exécutif en charge de l’épargne et de la gestion de patrimoine chez Generali France.
Il faut aussi, selon lui, « remettre au goût du jour une recette de grand-mère qui a fait ses preuves : il est important d’investir de manière régulière dans les UC. On n’a jamais trouvé mieux pour lisser la performance sur la durée ».
C’est aussi l’occasion pour les assureurs de vanter la gestion pilotée ou sous mandat, qui consiste pour l’épargnant à déléguer à un professionnel de la finance le soin de placer son épargne sur les bons supports et de s’en occuper. « Cela permet d’éviter les mouvements erratiques et les arbitrages massifs à contretemps, et donc d’amortir la casse quand les marchés actions sont difficiles », fait valoir Olivier Mariée, directeur des ventes et de la distribution chez AXA France.
En attendant, certains clients pourraient rechercher une plus grande sécurité. « Le fonds euros va forcément retrouver un peu les faveurs des épargnants », anticipe Bernard Le Bras, président du directoire de Suravenir, la compagnie d’assurance-vie du Crédit Mutuel Arkéa. Et ce même si ce placement – investi largement en obligations – rapporte de moins en moins année après année. Selon les prévisions de Good Value for Money, les rendements moyens des fonds euros devraient encore s’étioler, pour tomber à 1,60 % pour 2018, contre 1,83 % pour 2017.
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