LAURENT THÉVENIN
L’ASSURANCE ACTIVABLE POUR DES BESOINS PONCTUELS ARRIVE EN FRANCE. PORTE-ÉTENDARD DE CETTE NOUVELLE FORME D’ASSURANCE, LA START-UP AMÉRICAINE TROV A ÉLARGI SON RAYON D’ACTION.
C’est l’une des tendances qui montent dans l’assurance. De nouveaux opérateurs ont trouvé un créneau dans la vente d’assurance « à la demande », que le client peut souscrire directement via son mobile pour des besoins bien particuliers et ponctuels. Il peut s’agir, par exemple, de couvrir son appareil photo ou son vélo le temps de vacances à l’étranger ou l’utilisation de son véhicule par un tiers.
En France, le mouvement est initié par Leocare, une jeune pousse qui a lancé fin novembre une offre 100 % mobile et sans engagement pour l’assurance automobile et l’habitation. Quand ils prêtent ou louent leur voiture ou leur logement, ses assurés peuvent activer et désactiver en un clic des options pour déclarer un « conducteur secondaire » ou le « copartage ». Le client « voit d’emblée le montant qui sera répercuté le mois suivant sur son prélèvement », précise Christophe Dandois, cofondateur et directeur général de cette assurtech créée en 2017. Le courtier Leocare, dont le contrat est assuré auprès de L’Equité-Generali, dit avoir des garde-fous pour limiter les risques de fraude en imposant un niveau de franchise plus élevé à la première utilisation. La jeune pousse veut éviter aussi les mauvais risques via une grille de questions. Après avoir levé 1,3 million d’euros l’an dernier, Leocare vise une deuxième levée de fonds de 5 millions d’euros pour cet été.
Une autre start-up française est dans les starting-blocks sur ce nouveau marché. Inventeur d’un service d’inventaire en ligne des biens personnels et
fort d’une deuxième levée de fonds de 8 millions d’euros menée en mai 2017, Cbien
a annoncé préparer pour cette année une solution d’assurance « on demand » avec un grand assureur français.
Plus exposés au risque
Dans une étude publiée l’an dernier, le cabinet de conseil KPMG mettait en avant le fait que l’assurance à la demande donne aux consommateurs « la certitude d’avoir la protection dont ils ont besoin, tout en ne payant que lorsque la couverture est demandée ». Reste à vérifier que les assureurs s’y retrouvent, ajoutait-il dans cette note signée par ses experts britanniques. D’abord, « l’exposition au risque est plus grande », faisaient-ils valoir. Ensuite, « des primes payées pour une couverture à l’usage utilisée de manière seulement occasionnelle signifient que le client paie moins au global ». Au niveau mondial, l’engouement autour de
la start-up californienne Trov
– qui propose d’assurer « on demand » toutes sortes d’objets contre la perte, les dommages accidentels ou le vol – semble toutefois indiquer un certain potentiel pour cette nouvelle forme d’assurance. Ce groupe américain, fondé en 2012, a déjà levé plus de 97 millions de dollars.
Alors qu’il s’est déjà attaqué aux marchés australien (avec l’assureur Suncorp) et britannique (avec AXA), il doit lancer ses services aux Etats-Unis cette année. Trov va aussi élargir son champ d’action, puisqu’il a été retenu par Waymo pour l’assurance de la flotte de véhicules autonomes que cette filiale de Google doit mettre en service cette année à Phoenix. Avec l’appui de Munich Ré, Trov va ainsi proposer des assurances « pour chaque trajet ».
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