LAURENT THÉVENINCORRESPONDANT À ROMEOLIVIER TOSSERICORRESPONDANT À ROME
LA BANQUE CONVOQUERA AU PLUS VITE UNE RÉUNION POUR ÉTUDIER UNE OPÉRATION QUI SUSCITE CERTAINES RÉSERVES.
Prudence. C’est l’attitude que souhaite adopter la banque italienne Intesa Sanpaolo concernant un éventuel rapprochement avec Generali, le premier assureur transalpin. Son administrateur délégué, Carlo Messina, l’a rappelé dans un entretien accordé au « Corriere della Sera » : « Nous avons atteint un niveau d’excellence mais nous avons encore beaucoup d’opportunités à saisir et nous pouvons encore générer de la valeur pour les actionnaires. Il y a des moments où il est du devoir d’un directeur général d’analyser les différentes options de croissance. »
La première est une alliance avec Generali pour donner naissance à un nouveau géant de la bancassurance. Option qui a été révélée par la presse la semaine dernière. Le sujet n’était toutefois pas à l’ordre du jour du conseil d’administration convoqué vendredi dernier par la banque pour approuver son budget 2017. Il ne le sera pas davantage lors du conseil du 3 février, qui sera consacré aux résultats 2016, a assuré samedi Gian Maria Gros-Pietro, le président d’Intesa. Mais il fera l’objet très prochainement d’une réunion spéciale, selon « Il Sole 24 Ore ». Ce dossier – qui implique deux très grands détenteurs de dette d’Etat italienne – est évidemment suivi de près par les autorités du pays. Une telle opération nécessitera « de nombreuses autorisations » de la part des régulateurs, a fait savoir samedi Salvatore Rossi, directeur général de la Banque d’Italie et président de l’Ivass, le superviseur local du secteur de l’assurance.
Les contours des fameuses « combinaisons industrielles » évoquées par Intesa Sanpaolo pour justifier son intérêt pour Generali doivent encore être précisés. D’un côté le contrôle du groupe de Trieste renforcerait la rentabilité de la banque avec d’indéniables synergies. Les polices d’assurance lui garantissent déjà chaque année plus de 900 millions d’euros de recettes avant impôt et 600 millions d’euros de commissions tandis que la gestion de l’épargne rapporte environ 600 millions d’euros avant impôt et 1,2 milliard d’euros de commissions. De l’autre, un rapprochement pourrait lui coûter cher. Le schéma qui serait pour l’instant à l’étude consiste en une offre en numéraire et en actions d’Intesa sur 60 % du capital de l’assureur avec une portion en cash à hauteur de 3 milliards d’euros, et une augmentation de capital réservée d’un montant de 12 milliards. « Nous voulons grandir mais pas diluer le patrimoine », a rappelé Carlo Messina.
Des conditions
Car si l’opération est encore floue, celui qui pourrait la porter à terme a été très clair à l’occasion de la célébration des dix ans de la naissance d’Intesa Sanpaolo, jeudi. Le mariage ne se fera pas à n’importe quel prix et devra respecter des « conditions indispensables à commencer par la préservation de la force patrimoniale et la capacité de rémunération des actionnaires ».
Moody’s a émis vendredi certaines réserves sur une telle opération, prévenant qu’elle aurait un impact négatif sur la qualité de crédit de Generali. Une combinaison avec les activités d’assurance d’Intesa, centrées sur l’Italie, pénaliserait l’assureur de Trieste en diluant sa diversification géographique, « l’un de ses principaux atouts », explique l’agence de notation.
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