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NOUVELLES RÈGLES, NOUVEAUX ACTEURS, MONTÉE EN PUISSANCE DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : LA FINANCE VA ABORDER PLUSIEURS VIRAGES EN 2017. LE CONTEXTE DE TAUX VA CHANGER LA DONNE POUR LES ACTEURS FINANCIERS COMME POUR LES PARTICULIERS.
2017 s’ouvre avec l’annonce d’une légère remontée des taux du crédit immobilier après plus d’un an de baisse. Dans le même temps, les rendements de l’assurance-vie en euros vont encore reculer pour passer sous la barre symbolique des 2 %. L’année sera porteuse de changements pour les emprunteurs et les épargnants. Quant aux acteurs de la banque et de l’assurance, ils devront s’adapter aux évolutions structurelles qui vont frapper l’industrie financière dans les prochains mois.
Les taux du crédit immobilier repartent à la hausse
Pour la première fois en plus d’un an, le taux d’intérêt moyen du crédit immobilier a légèrement augmenté :
il est passé de 1,31 % en novembre à 1,34 % en décembre
, selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA. La hausse s’explique par la politique commerciale des banques, qui ont bouclé leurs objectifs commerciaux, mais aussi par
une tension globale sur le marché des emprunts d’Etat
. Ce mouvement devrait se poursuivre, mais rester limité. « Les établissements se sont fixé des objectifs commerciaux très ambitieux pour 2017 », explique Sandrine Allonier, responsable des relations banques pour Vousfinancer.com. Le courtier estime que pour ses clients, les taux pourraient passer en moyenne de 1,5 % à 2 %. Ce qui augmenterait de plus de 11.000 euros le coût d’un crédit de 200.000 euros sur 20 ans.
Les taux devraient toutefois demeurer en dessous du niveau de janvier 2015, et les banques vont continuer de se battre pour gagner des clients, notamment les bons profils qui permettent de dégager des marges convenables. De manière générale, « les banques veulent prêter, d’autant plus que le taux de dépôt de la Banque centrale européenne reste négatif », note Sandrine Allonier.
Baisse des rendements de l’assurance-vie
Les épargnants doivent s’y attendre. Les fonds euros de leurs
contrats d’assurance-vie
vont continuer à leur rapporter de moins en moins. « Les taux d’intérêt ont touché des niveaux historiquement bas l’année dernière, alors que les marchés actions n’ont pas été terribles. Mécaniquement, nous allons donc répercuter 50 à 60 points de baisse », indique ainsi un bancassureur. La persistance de taux ultra bas est, en effet, très pénalisante pour les fonds euros, des supports qui offrent la garantie du capital à tout moment et qui sont investis majoritairement en obligations. S’y ajoute la pression de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), qui a appelé à plusieurs reprises les assureurs-vie à faire preuve de « modération et de réalisme » dans la fixation de leurs taux de rendement.
Cette exhortation vient après une baisse jugée insuffisante l’an dernier. Les taux servis au titre de 2015 étaient tombés à 2,27 % en moyenne, d’après les données de l’ACPR, contre 2,54 % en 2014. Pour 2016, la barre des 2 % va être franchie. Alors que les clients vont être fixés sur leur sort dans les prochaines semaines, les premières annonces de taux 2016 vont, en tout cas, dans ce sens : de 1,20 % à 1,90 % chez Mutavie (Macif), de 1,75 % à 2,10 % pour les contrats d’épargne à La Mondiale. Tout l’enjeu pour les assureurs-vie aujourd’hui est d’arriver à convaincre les épargnants de se tourner davantage vers les unités de compte (UC), des supports investis pour partie en actions et qui ne donnent pas la garantie du capital, mais censés être potentiellement plus rémunérateurs. Ils y ont eux-mêmes intérêt puisque les UC leur coûtent moins cher en termes de fonds propres à immobiliser. « C’est la fin du modèle de l’assurance-vie 100 % euros », affirme Philippe-Michel Labrosse, directeur du pôle finance-épargne du groupe Macif.
Livret A : un calcul du taux moins favorable
Si l’exécutif a
renoncé à doubler le plafond du Livret A,
comme s’y était engagé François Hollande lors de sa campagne présidentielle, il s’est en revanche résolu à
réformer le taux de rémunération
du placement. Fin 2016, face à l’écart croissant entre les taux d’intérêt courts et le niveau de l’inflation, le gouvernement a entériné une formule
moins généreuse pour l’épargnant
. Dans le détail, celle-ci ne garantit plus une rémunération au minimum supérieure de 0,25 % à l’inflation. Cette formule sera éprouvée pour la première fois à l’été 2017. La rémunération des épargnants, fixée depuis août 2015 à 0,75 %, pourrait alors baisser, sauf si l’inflation repart à la hausse ou bien si le gouvernement décide de faire une exception à la règle. L’autre innovation en matière d’épargne réglementée attendue en 2017 concerne le livret de développement durable. Rebaptisé « livret de développement durable et solidaire » (LDDS) dans la loi Sapin II, il permettra dorénavant de verser des dons à des entreprises solidaires.
La montée en puissance de l’intelligence artificielle
2017 devrait être l’année de la banalisation du recours aux robots intelligents dans les banques et les compagnies d’assurances. Dès l’an dernier, des acteurs de la finance ont pris goût à ces logiciels autoapprenants, qui viennent seconder leurs conseillers, par exemple en répondant aux e-mails des clients ou aux questions les plus fréquentes sur l’épargne ou l’assurance. Parmi les innovations testées actuellement par certaines banques, figurent les « chatbots » : des robots conversationnels qui utilisent l’intelligence artificielle pour imiter le langage humain et font office d’assistants virtuels, disponibles 24 heures sur 24 sur les réseaux sociaux ou par SMS. Cette quatrième révolution industrielle inquiète les organisations syndicales, qui redoutent de voir un jour les robots remplacer les salariés.
Changer de banque devient plus facile
A compter du 6 février 2017, en application de la loi Macron, les banques devront s’occuper de toutes les formalités lorsqu’un client voudra changer d’établissement. Terminées les démarches laborieuses qui incombaient aux clients. Le nouveau processus sera automatisé et respectera des délais très encadrés : migrer un compte bancaire d’un établissement à un autre ne devrait pas prendre plus de vingt-deux jours. La France étant aujourd’hui
à la traîne en Europe, en matière de mobilité bancaire
, ce nouveau dispositif pourrait stimuler la concurrence. Dans un document interne de présentation de sa future banque mobile, le groupe de télécommunications Orange note que le taux d’attrition moyen des banques en France ne s’élevait qu’à 5 % en 2014, contre 9 % pour les banques en Europe et 15 % pour les opérateurs télécoms en France. La loi Macron fera-t-elle bouger les lignes ? Pour Orange, le nombre de clients qui quitteront leur banque (« churn ») pourrait « doubler la taille du “fishing pool bancaire”», évalué « aujourd’hui entre 3 et 4 millions de clients potentiels ». Banques en ligne et banques mobiles y voient donc une opportunité, quand les groupes traditionnels se préparent à défendre leurs parts de marché.
Orange Bank, un concurrent sérieux
Après avoir bouclé le rachat de 65 % de Groupama Banque et obtenu un agrément des superviseurs bancaires, Orange s’apprête à lancer sa banque au premier semestre 2017. Orange Bank fait figure de concurrent sérieux pour le secteur. Elle vise, en effet, 2 millions de clients d’ici à dix ans, alors qu’ING Direct en a mis plus de quinze pour rassembler 1 million de clients particuliers, dont seulement 350.000 comptes courants. Le nouvel établissement va bénéficier des atouts de son principal actionnaire : la marque Orange et sa base de 27 millions de clients mobiles et de 10 millions de clients haut débit.
Un nouveau pan de réglementation bancaire
Début 2017, sauf coup de théâtre, les banques devraient enfin savoir à quoi s’en tenir en matière de « règles prudentielles », qui définissent les quantités de fonds propres à détenir par les prêteurs pour amortir leurs prises de risques. Le Conseil des gouverneurs, chargé de superviser l
es travaux du Comité de Bâle,
pourrait valider un accord dès ce mois de janvier 2017. Mais une fois traitée cette question emblématique de la crise, la réglementation ne va pas se mettre en mode pause : parmi les nouvelles thématiques explorées en 2017 par les autorités financières, figurent les risques de « conduite » – entendre les risques d’amendes et de pénalités liés à des comportements répréhensibles – ainsi que
les fintech
. Accueillies dans un premier temps avec bienveillance, les start-up de la finance sont désormais considérées de façon plus équilibrée par les autorités, qui se demandent si les nouvelles technologies n’apportent pas de nouveaux risques. Plus largement, les débats réglementaires de l’année seront plus politiques que jamais, entre une future administration américaine aux projets encore flous, et des autorités européennes plus sensibles aux effets de la réglementation sur le financement de l’économie.
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