La rémunération moyenne des fonds euros devrait tomber autour de 2,25 % pour 2015, contre 2,54 % pour 2014.
Dans un contexte de taux d’intérêt très bas, les assureurs jouent la carte de la prudence en renforçant leurs réserves.
Les épargnants se sont sans doute fait une raison. Année après année, ils voient les fonds euros de leurs contrats d’assurance-vie leur rapporter de moins en moins. Et, sauf exception, ce sera encore le cas pour 2015. Les annonces de taux, qui se succèdent depuis plusieurs jours, font ressortir pour l’essentiel des baisses allant de 15 à 35 points de base. « Le marché devrait être sur une diminution de 0,30 % en moyenne », pronostique un bancassureur, faisant un pari déjà souvent entendu dans la profession. Lequel devrait amener le taux moyen servi pour 2015 aux alentours de 2,25 %, ainsi que l’anticipe le cabinet Facts & Figures, contre 2,54 % en 2014.
Une chose est sûre, peu de fonds euros devraient encore servir plus de 3 %. Des opérateurs figurant traditionnellement parmi les plus généreux du secteur sont passés sous cette barre symbolique (2,80 % pour la GMF, 2,75 % pour la Maif ou 2,85 % pour la MACSF sur son contrat phare, par exemple). Il sera intéressant de voir si l’Afer (3,20 % en 2014), la principale association d’épargnants française, dont le taux, annoncé ce mardi, est toujours considéré comme un bon point de repère, fera de même.
Instrument de long terme
Il n’en reste pas moins que « l’inflation ayant encore baissé en 2015 à un niveau très faible, le rendement réel de l’assurance-vie pour nos sociétaires a progressé », souligne Philippe-Michel Labrosse, directeur du pôle finance-épargne de la Macif. Avec une rémunération moyenne attendue autour de 2,25 % (soit 1,90 % après prélèvements sociaux), l’assurance-vie se comparerait toujours très favorablement aux autres produits d’épargne grand public. « Il est essentiel d’envoyer le bon signal aux assurés en leur rappelant que l’assurance-vie est un instrument de long terme et que nous ne gérons pas leur épargne pour faire un coup une année, puis baisser fortement l’année d’après » , insiste Edouard Vieillefond, directeur assurance-vie de Covéa (GMF, MAAF, MMA).
Dans un contexte de taux d’intérêt très bas, les assureurs ont, cette année encore, joué la carte de la prudence en renforçant leur provision pour participation aux bénéfices (PPB ou provision pour participation aux excédents). Cette réserve, qui sert à soutenir les performances les années de vache maigre a, par exemple, été portée de 1,90 à 2,47 % des encours chez Mutavie (filiale d’assurance-vie de la Macif), de 2 à 3,85 % chez MMA Vie, de 1,8 à 2,7 % chez MAAF Vie ou à 5 % chez GMF Vie. « Vu l’incertitude sur l’évolution des taux d’intérêt et la dilution tendancielle du rendement de l’actif, il faut pouvoir sécuriser les rémunérations futures. Ces deux dernières années, la majorité des acteurs ont mis de côté 0,30 % par an, ce qui, à mes yeux, est bien une mise en oeuvre d’une gestion prudente », explique Sylvain de Forges, directeur général délégué d’ AG2R La Mondiale, qui va doter « significativement » sa PPB.
Pour les assureurs, fixer le bon niveau de rémunération de leurs contrats devient un exercice de plus en plus délicat. Il s’agit à la fois de ne pas décrocher vis-à-vis de la concurrence et de ne pas afficher non plus un taux qui susciterait des abondements trop importants. Car, chaque centime qui rentre sur le fonds euros les oblige à acheter des obligations d’Etat ne rapportant presque rien, ce qui vient rogner encore davantage les rendements futurs. Et ce alors que la garantie en capital offerte par les fonds euros leur coûte cher en termes de capitaux à immobiliser.