La pluie ne cesse pas de tomber dans le nord de l’Angleterre et en Ecosse, aggravant la situation dans des régions qui ont connu de graves inondations depuis le mois dernier. Des lignes de chemin de fer et des routes sont coupées, des ponts se sont effondrés, on déplore quelques décès, un château du XVIe siècle, voisin de celui de la reine à Balmoral, menace de s’effondrer… Quelque 16.000 logements ont été inondés à la suite des tempêtes Desmond et Eva, qui ont balayé les îles Britanniques les 5 et 26 décembre dernier. Et le bilan va encore s’alourdir après une troisième tempête, Frank, qui a frappé le nord du Royaume-Uni le 29 décembre, mais dont les conséquences n’ont pas encore été entièrement évaluées.
Bien que les intempéries ne soient pas terminées, les régions sinistrées commencent à faire leurs comptes. Les dégâts causés par les deux premières tempêtes atteindraient de 2,2 à 3,1 milliards d’euros, estime PwC. Avec la troisième, l’addition pourrait dépasser les 4 milliards d’euros, selon KPMG. Sur ce total, la facture des compagnies d’assurances pour les biens qui étaient assurés atteindrait jusqu’à 2 milliards d’euros. En comptant les dégâts de Frank, elle devrait largement dépasser 3 milliards d’euros, ont calculé les analystes d’UBS.
Peu d’effet sur les bilans
Les assureurs souscrivent des contrats auprès de réassureurs qui leur permettent généralement de récupérer une partie de leurs pertes. Mais, cette fois-ci, ils devront prendre à leur charge l’essentiel de la facture, car les dégâts, provoqués par des événements climatiques distincts, devraient rester en dessous du niveau qui est cédé aux réassureurs.
Au total, ces pertes restent « modérées » et auront « peu d’effet » sur le bilan des assureurs, souligne l’agence de notation AM Best. Les catastrophes naturelles ont été peu nombreuses au cours des onze premiers mois de l’année 2015. Et la plupart des compagnies sont « bien diversifiées », tant sur le plan géographique, grâce à une large présence internationale, que sur celui des activités. Le britannique Aviva serait le plus affecté en valeur absolue, avec une perte nette qui pourrait grimper jusqu’à 180 millions d’euros, selon les analystes de Morgan Stanley. Le français AXA arriverait en deuxième position avec un manque à gagner de 130 millions d’euros. Deux autres groupes britanniques, moins internationaux, seront plus lourdement pénalisés en valeur relative. La facture représenterait jusqu’à 18 % du résultat net de Direct Line et même 26 % du bénéfice de RSA. Ces deux sociétés ont vu leurs titres reculer à la Bourse de Londres depuis un mois.
Les tempêtes de décembre ont une particularité : elles ont touché des bourgs et des villes en plus des zones rurales. Résultat, une proportion particulièrement élevée d’entreprises – petits commerces notamment – ont été inondées, en plus des logements. Les conséquences sont parfois dramatiques car beaucoup de petits patrons n’étaient pas ou mal assurés, souligne PwC. C’est l’une des conséquences de la crise, qui a durement pénalisé les petites entreprises entre 2008 et 2012. Beaucoup d’automobiles ont également été endommagées.