Comme chaque début d’année, tous les acteurs de l’assurance-vie y vont de leur petit pari sur le niveau du rendement moyen des fonds en euros servis au titre de 2013. Une baisse semble inéluctable. Explications.
L’an dernier, le taux de rendement moyen était passé sous la barre des 3 %, pour se situer à 2,90 %. Pour les taux 2013, les pronostics convergent vers une fourchette de 2,70 % à 2,80 %. Toutefois, certains opérateurs, comme la Maif ou la GMF, ont pu sortir des taux identiques à ceux de 2012. « Se maintenir à un niveau si élevé est déjà en soi une performance », souligne Thierry Couret, directeur délégué de la Maif, qui sert 3,10 % et 3,40 % sur ses deux principaux contrats. De son côté, Apicil a offert une meilleure rémunération de l’épargne à ses clients, mais son rendement avait beaucoup baissé en 2012.
Classiquement, les premiers à prendre la parole sont les opérateurs qui se situent dans le haut du panier. La plupart des taux déjà annoncés se situent au-delà de 3 % – se rapprochant même des 4 % pour certains petits contrats à dominante immobilière. L’Afer, dont le taux constitue un point de repère pour le marché, affiche une performance de 3,36 %, assez proche de l’année précédente (3,45 %).
Il reste que, comme le taux de l’Afer, la plupart des rendements déjà annoncés affichent une baisse de 0,10 à 0,20 point. Cette tendance a d’autant plus de chances d’être confortée que, hormis AXA France, les principaux acteurs du marché n’ont pas encore dévoilé leurs taux 2013. Or, les bancassureurs ne figurent traditionnellement pas, loin s’en faut, parmi les plus généreux… Deuxième biais, rappelé par Cyrille Chartier-Kastler, président du site Goodvalueformoney, « on n’a que les rendements de contrats que les entreprises veulent bien communiquer ».
Malgré un niveau très bas des taux d’intérêt pénalisant pour les assureurs-vie, la bonne tenue des marchés actions a permis à un certain nombre d’acteurs d’aller chercher du rendement pour sauver l’essentiel sans entamer leurs réserves. Les compagnies vantent d’ailleurs leur gestion financière « avisée ». Selon Didier Ledeur, directeur général de GMF Vie, « compte tenu de l’année financière que nous avons réalisée, nous avions largement la possibilité de servir plus de 3,05 %. Mais nous n’avons pas voulu servir un meilleur taux qu’en 2012. Cela aurait envoyé un signal qui ne correspond pas à la réalité. Le niveau et lacourbe des taux font que l’argent qui sort aujourd’hui va être réinvesti à des conditions moins rémunératrices », souligne-t-il.
Un grand nombre de compagnies ont préféré renforcer leur provision pour participation aux excédents (PPE). Cette réserve peut servir à soutenir les rendements les années plus difficiles. Au vu de sa politique de gestion d’actifset de sa PPE qui s’élève désormais à plus de 2 % des provisions mathématiques, la Maif affirme ainsi être « capable de continuer à servir encore de bons taux sur le moyen terme, toutes choses égales par ailleurs ».
Selon Cyril Blesson, associé chez PAIR Conseil, « le contexte concurrentiel de l’épargne, et la pression moins forte du Livret A, ne porte pas non plus les assureurs à doper les rendements. Le seul produit sans risque qui a une rémunération comparable à celle des fonds euros, c’est le plan épargne logement. Les autres ne donnent que des rendements très faibles », explique-t-il.
L’assurance-vie n’a d’ailleurs jamais aussi peu rapporté. « L’essentiel est de considérer le taux de rendement réel de l’épargne investie. Quand notre contrat Actiplus Mutavie sert 3 % net et que l’inflation est de 0,7 %, cela reste très favorable pour les épargnants », estime Philippe-Michel Labrosse, directeur du pôle finance et épargne à la Macif.