Le gotha de la finance italienne est sur le pied de guerre. Pour avoir une idée de la portée de la fusion annoncée vendredi entre les assureurs Unipol et FonSai (Fondiaria SAI), il suffit de voir qu’ont participé aux ultimes négociations, en personne, les patrons d’UniCredit, de Mediobanca et de Banca Leonardo. Unipol, coopérative cotée à la Bourse de Milan, se propose de sauver de la faillite FonSai et son actuel propriétaire, la famille Ligresti. Le projet doit être finalisé d’ici au 27 janvier.
Un plan en quatre étapes
Il prévoit dans un premier temps qu’Unipol prenne pied dans Premafin, le holding de contrôle de FonSai, en reprenant les parts des Ligresti (51 % du capital) pour 77 millions d’euros. Il lancera ensuite une offre publique d’achat sur le reste du capital, pour un peu plus de 73 millions d’euros. Dans un deuxième temps, Unipol lancera une augmentation de capital de Premafin de 260 millions d’euros, de façon que le holding puisse à son tour souscrire à l’augmentation de capital de FonSai de 750 millions d’euros annoncée en décembre, à hauteur de sa participation (35 % du capital). Dans un troisième temps, Unipol souhaite recapitaliser ses propres activités d’assurance pour 600 millions d’euros. Enfin, dans un quatrième temps, il procédera à sa fusion avec Premafin, FonSai et la principale filiale de celui-ci, à savoir Milano Assicurazioni, elle aussi cotée à Milan. Au total, l’opération se chiffre à 1 milliard d’euros.
Une revanche sur la France ?
Avant de parler de dénouement, il convient d’attendre le feu vert de la Commission des opérations de Bourse (Consob) et celui de l’Autorité de la concurrence. L’obstacle est de taille, compte tenu de la consanguinité endémique du capitalisme italien. Unipol est en effet actionnaire du numéro un du secteur, Generali, tandis que Premafin l’est de Mediobanca, lui-même premier actionnaire de Generali. Difficile d’imaginer le maintien d’un lien aussi fort entre le lion de Trieste et le futur hypothétique ensemble Unipol-FonSai. L’autre question concerne le conflit d’intérêts qui frappe Mediobanca. Actionnaire de Generali, la banque est aussi l’un des principaux créanciers de FonSai (pour 1 milliard d’euros) et Unipol (pour 400 millions d’euros). En outre, c’est UniCredit, premier actionnaire de Mediobanca, qui finance depuis un an Premafin, dans lequel pas moins de 700 millions d’euros ont été mobilisés. Bref, un bel imbroglio à l’italienne. Et le début d’un scandale, puisque les Ligresti, qui touchaient des salaires très supérieurs au reste de la profession, pourraient empocher 14 millions d’euros au titre d’une clause de non-concurrence. L’Italie vit en tout cas cette affaire comme une revanche sur la France. Sur Groupama, qui avait tenté de s’emparer de FonSai il y a un an. Et sur BNP Paribas, contre qui Unipol avait bagarré en 2005 pour la prise de contrôle de BNL.