Les assurés commencent à y être habitués. Sauf exception, la rémunération des fonds en euros est une nouvelle fois à la baisse cette année. Elle devrait se situer aux alentours de 3 % en moyenne, voire en dessous, pour les taux servis au titre de 2011, contre 3,4 % en 2010 et 3,7 % en 2009. Alors qu’AXA France est pour l’heure le seul gros acteur à avoir communiqué (avec un recul de 0,30 % sur ses différents contrats, qui offrent entre 3 % et 3,70 %), les baisses oscillent entre 0 et 0,70 %. Baromètre historique du marché, l’Afer, la première association d’épargnants française, dévoilera demain son taux de rendement.
C’est à la GMF et chez MMA, traditionnellement parmi les plus généreux, que les baisses sont les plus fortes. MMA, qui sert du 3,05 % sur ses principaux contrats, explique avoir fait « le choix cohérent de la prudence » et invoque la nécessité de « maintenir des réserves nécessaires afin d’anticiper l’instabilité des marchés financiers en 2012 ». Entre la chute des marchés actions, les rendements historiquement bas de l’OAT à 10 ans et la crise de la dette souveraine, la gestion d’actifs a viré au casse-tête l’an dernier pour les assureurs, bien en peine pour trouver des performances financières.
Trois mois de décollecte
Les provisions pour participation aux excédents (PPE), des réserves constituées les bonnes années pour être utilisées en période de vaches maigres, ont cependant permis de limiter la casse. La MACSF a repris par exemple 62 millions d’euros. « Mais nous n’avons même pas utilisé 30 % de notre PPE, dans laquelle nous avions remis 33 millions d’euros en 2010. Nous avons donc gardé une poire pour la soif », indiquait la semaine dernière Marcel Kahn, son directeur général. Mutavie, qui a pu maintenir ses taux de rendements, s’en est également servi. « En 2010, nous avions baissé nos taux et préféré doter notre PPE parce que nous anticipions une année 2011 difficile. En 2011, nous avons fait un choix commercial pour rassurer les souscripteurs », explique Philippe Jean Dit Berthelot, le président du directoire de la filiale d’assurance-vie de la Macif.
Alors que le marché de l’assurance-vie reste sur trois mois de décollecte entre septembre et novembre, avec des versements toujours en baisse sur les fonds en euros, la réaction des épargnants sera scrutée avec attention. D’autant plus si le taux du Livret A, actuellement à 2,25 %, était bien revalorisé (lire ci-dessous). « Quand ils feront le tour des possibilités qui s’offrent à eux, les épargnants verront que l’assurance-vie en euros reste un bon produit », veut croire Philippe Jean Dit Berthelot, qui ne s’attend cependant pas à une collecte énorme en 2012.
« Le vrai enjeu désormais sur les fonds en euros est de préserver sur le long terme le pouvoir d’achat de l’épargne qui nous est confiée, indique Hervé Bouclier, directeur général d’ACMN Vie (Crédit Mutuel Nord Europe). C’est une promesse qui peut paraître faible aujourd’hui, mais nous ne savons pas si nous allons faire face dans les prochaines années à une stagflation ou à de l’inflation… voire à une récession, ce qui supposera d’avoir la capacité d’être réactif et de pouvoir adapter rapidement sa politique de gestion d’actifs. » Plusieurs assureurs ont déjà raccourci la duration de leur portefeuille obligataire pour pouvoir profiter d’une remontée des taux.